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Les fous d'Arkham / Arkam asylum

 Un grand merci à Christophe CROMPIN pour sa relecture attentive. 

Les images en liens ne sont pas de bonne qualité à l'impression.

 

 

 

 Fiche Technique

 . Deux éditions françaises:

 . Éditions USA, collection super-héros, février 1990.

 . 1 volume, format franco-belge, couverture dure. [image]

 . Éditions Reporter, janvier 1999.

 . 1 volume, format comics, couverture souple. [image]

 . Publication US: DC Comics, New York, USA, 1989.

 . Batman and all characters and names are the property of DC Comics. DC Comics a division of Warner Bros.

 . Scénario: Grant Morrison.  Illustration: Dave Mc Kean.

 . Traduction et lettrage de l'édition USA: Janine Bharucha et Martine Segard.

 . Traduction et lettrage de l'édition Reporter: Dominique Mathieu et François Batet.

 . L'invité: Batman

 . Le maître de cérémonie: le Joker

 . Les pions: l'Épouvantail, le Chapelier, Two-Face, Killer Croc.

 . L'héritier: Amadeus Arkham

 . Guest: le commissaire Gordon

 . Cameo: Carl Gustav Jung, 1875-1961. Jung travailla d'abord dans la ligne freudienne de la psychanalyse avant de développer sa propre méthode nommée psychologie analytique. Il est l'inventeur du test d'association de mots, premier test projectif.

 . Nota Bene: Hermann Rorschach, 1884-1922. Rorschach n'est pas l'inventeur du test dit des taches d'encre. Binet et Henri en publièrent un en 1895. Rorschach publia le sien en 1921 sous le titre de Psychodiagnostik. Le "Rorschach", même s'il met en jeu le réel et l'imaginaire, est un test de personnalité. [image

 

L'histoire

 

" Arkham avait raison: parfois seule la folie fait de nous ce que nous sommes...

ou la destinée, peut-être."  Batman

 

  Le passé. Gotham city, 1901. De l'extérieur le manoir Arkham semble une bien belle demeure. Peut-être un peu sombre et inquiétante. Un manoir cela impressionne toujours un peu. Qu'est-ce qui fait le plus peur à un enfant? La mort de ses parents ou assister, impuissant, à la lente plongée de l'un d'eux dans la folie? Idée d'autant plus terrifiante quand votre mère est votre seul parent vivant. Est-ce la mort de son époux qui fit basculer Elizabeth Arkham? Le jeune Amadeus Arkham s'est-il jamais posé la question lorsque, jour après jour, il portait son plateau repas à sa mère cloîtrée et alitée dans la chambre conjugale? [image]

 Le présent. Dans le ciel nocturne de Gotham, le signal de la Chauve-souris perce la couverture des ténèbres. La Créature de la nuit s'est réveillée. James Gordon informe Batman que le Joker a pris le pouvoir à Gotham. Le Joker a un otage. Le Joker veut Batman. 

 Le passé. Printemps 1920. Après 20 années à se débattre entre les tentacules gluants de la folie, Elizabeth Arkham est morte. Le suicide est-il la forme ultime du désespoir ou la damnation éternelle? Pour Amadeus Arkham la réponse est autre. Le suicide fut pour sa mère libération et renaissance. Seul héritier il devient le maître d'un vieux manoir sombre et, la nuit venue, demeure de quelques esprits tourmentés. 

 Le présent. A l'intérieur de l'asile, Batman découvre un monde sous l'emprise de Dionysos. Image physique d'une réalité mentale? Satisfait de son effet un rien théâtral, le Joker révèle à Batman le petit jeu qu'il a imaginé pour lui. [image] De prédateur la chauve-souris devient la proie. Dans les couloirs d'Arkham, les chasseurs prennent de nombreux visages. Pour le Batman les plus inquiétants ne sont pas les plus familiers. Au fil des décennies, Arkham devint un monde produisant sa propre vie, engendrant des créatures et des mondes autant physiques que métaphysiques, voire mythologiques et démoniaques.

 Le passé.  Novembre 1921. Lorsque l'asile Elizabeth Arkham ouvre ses portes il abrite déjà ses propres fantômes. Les premiers? Difficile de répondre tant cette bâtisse semble à présent intemporelle et hostile aux esprits sains. C'est à se demander si Arkham n'est pas devenu l'une des bouches d'accès à l'enfer comme semble le suggérer la couverture de l'oeuvre? [image] Enfer payen? Enfer chrétien?

 Le présent. Qui sont ces anges déchus tournoyants au dessus de la chauve-souris? Le Dragon est-il simple hallucination dont le responsable serait l'Épouvantail? Est-il une image déformée de Killer Croc? Est-il l'hôte d'Arkham? Pourquoi cette souffrance si la lance est pure illusion? Pourquoi le sang a-t-il le goût du sang si ce n'est qu'illusion? [image

 Le passé. 1920. Des années durant Amadeus Arkham pensa sa mère folle et cela le terrifia au point qu'il en devint psychiatre. En cette année 1920, il comprend tout. Comme une révélation. Pour la première fois Arkham voit l'Ombre qui des années et des années tourmenta sa mère. Amadeus comprend que ce sont les gens sains d'esprits qui sont fous, fous de croire en un Monde ordonné, paisible et lumineux. Le Monde des Hommes n'est pas sous la protection d'Apollon. Le maître du Monde est Dionysos et son second est Hadès. Pour la première fois Amadeus entend la parole de sa mère. Pour la première fois il est près d'elle, en communion d'esprit et, d'une certaine manière, de corps. [image] La mère implore le fils: "Ne la laisse pas m'emporter, je t'en supplie." Savoir peut se révéler plus traumatisant que l'oubli. Ce n'est pas l'oubli qui marche avec la folie, c'est la connaissance. Tel est peut-être ce que comprit Amadeus Arkham lorsque sa mémoire lui rendit le souvenir de la nuit où il libéra sa mère et l'aida ainsi à renaître loin de l'Ombre d'une chauve-souris? 

 

Derrière l'asile. 

 

"L'Être de l'Homme, non seulement ne peut pas être compris sans la folie,

mais il ne serait pas l'Être de l'Homme, s'il ne portait en soi la folie comme limite de sa liberté."

Jacques Lacan

 

 "Arkham Asylum" est l'histoire la plus impressionnante jamais contée sur l'univers du Batman. Morrison et Mc Kean nous font plonger dans un monde débordant de sensations tant physiques que psychiques, où le symbolique psychanalytique tient une place centrale. "Les fous d'Arkham" mériterait une étude très poussée de sa mise en mots (maux?), en images et en couleur tant le conscient et l'inconscient y semblent mêlés. Cette oeuvre n'est pas une "BD sulfureuse" comme l'écrivit un journaliste un peu trop pressé de rendre son papier. Résumer "Arkham" à une BD provocatrice est proche du ridicule. "Les fous d'Arkham" est tout le contraire d'une provocation. Cette oeuvre est une introspection, une descente vers ce lieu flou où la conscience flirte avec le Ça. Mc Kean le montre fort bien par une peinture où décors  et personnages semblent comme chacun à l'origine de l'autre (l'Autre?). Vient alors la question qui hante tout l'ouvrage: qui est à l'origine de qui? Première question philosophique. Aristote conceptualisa cette simple et vertigineuse question dans sa "Métaphysique" avec le problème des causes et des effets. Cette problématique cause/effet peut sembler évidente et banale. Pourtant, sans elle, peut-être ne pourrions-nous pas penser. Sans elle, et l'angoisse qu'elle véhicule, les mythes disparaissent, les dieux meurent et les religions perdent le fondement sur lequel elles prospèrent et perdurent. Digression de ma part? Du tout. Ouvrez "les fous d'Arkham": dès la troisième page le religieux est présent; et de sa manière la plus symbolique, la plus forte pour la culture chrétienne et catholique. 

Planches des fous d'Arkham.

Pascal Le Bris, mars 2005.

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