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Un chemin sous le Ciel

A l'ombre des grands arbres de la forêt, qu'il traversait en compagnie de Kitshiemon, Ohoshi appréciait son voyage de retour vers la vallée où son maître édifia, voici bien longtemps, un dôjô.

_ Ohoshi, pourquoi traverser cette forêt? N'y a-t-il pas une route qui la contourne ou, pour le moins, un sentier plus facile? Celui-ci est bien peu visible! Peu de gens doivent l'emprunter.

_ Mon jeune ami craindrait-il de se perdre?

_ Oh! Non! Je te suis de près! Quand même... Une route serait plus praticable. Par chance nous n'avons pas rencontré de brigands! 

_ Sur le chemin où nous errons les brigands ne vont pas. Notre chemin est sur la Terre et sous le Ciel. Il ne sera jamais celui du brigand.

 Kitshiemon estimait la parole d'Ohoshi obscure. Cependant, ne voulant pas passer pour un sot, il répondit:

_ Je comprends.

_ Je ne te demande pas encore de comprendre. Mais peut-être peux-tu prendre cette parole et la garder pour plus tard.

_ ?

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 Pour aller plus loin dans la lecture du conte.

 Errer. Ce verbe ne provient pas du latin errare (tromper) mais de itinerare (aller son chemin). Dans ce mot parle l'itinéraire. Celui qui suit un itinéraire n'est pas dans l'errance, l'errement ou l'aventure (ces trois mots étant compris dans leur sens commun). L'aventure qui se tient dans l'itinéraire est adventura (quelque chose qui doit arriver). Nous comprenons par là que dans l'itinéraire parle la nécessité, le destin mais un destin sans fatalité. Dans notre contexte, cette nécessité fait signe vers un dévoilement. Ce qui arrive se dévoile à sa manière à qui sait être attentif au dévoilement. Être attentif à ce qui se montre dans le mouvement du dévoilement c'est laisser être et devenir ce qui est et devient en ce qu'il est de plus Propre. Celui qui se dispose pour laisser ne va pas en compagnie de la science qui met le Monde en équations. En tant qu'arraisonnement, la science convoque le Monde. Le Monde est soumis au règne de la science. Là, le voilé est oublié pour la vérité scientifique.  Notre temps est celui du triomphe de la science. 

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Pascal Le Bris, juin 2006.

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